Première moitié du XX^e siècle

Au début du XX^e siècle, dans les milieux artistiques d'avant-garde européens on s'intéresse au médium de la marionnette pour redéfinir les arts scéniques et visuels. Pendant ce temps, un nouveau venu - le cinéma - attire les foules. Le théâtre de marionnettes traditionnel fait difficilement le poids et est peu à peu délaissé par le public. Les spectacles de Punch et Judy sont toujours présentés, mais ils sont définitivement relégués aux divertissements pour enfants.

Puis, entre les deux guerres, le vent tourne. Aux États-Unis, on assiste dans les années 20 et 30, notamment sous l'impulsion du marionnettiste Tony Sarg, à une renaissance du théâtre de marionnettes. Tout en continuant d'inscrire le théâtre de marionnettes dans le domaine du divertissement, Sarg recherche une qualité artistique qui doit se refléter dans tous les aspects du spectacle : scénario, décor, marionnettes, manipulation, etc. Sarg contribue également à briser le secret, jalousement gardé par les troupes, qui entourait traditionnellement la fabrication et la manipulation des marionnettes à fils et leurs effets spéciaux. On assiste à la parution d'ouvrages et de revues qui proposent des patrons, des instructions pour la fabrication de marionnettes et des méthodes de manipulation. Cette diffusion favorise l'engouement du public pour les marionnettes, en particulier les marionnettes à fils, dont la fabrication et la manipulation deviennent pour certains amateurs un véritable passe-temps.

Les publications circulent, les troupes font des tournées et, au cours de ces années, ce nouvel intérêt se retrouve au Canada. Des artistes comme Rosalynde Stearn, Violet et David Keogh et Muriel Heddle jettent alors les fondements d'un théâtre de marionnettes artistique de niveau professionnel. Les Keogh et Muriel Heddle monteront des adaptations d'œuvres musicales, qui seront même présentées avec l'Orchestre symphonique de Toronto. Rosalynde Stearn contribuera également à faire reconnaître l'art de la marionnette par ses écrits, ses conférences et la constitution d'une importante collection de marionnettes.

Au Québec, c'est la venue, en 1933, d'une célèbre troupe italienne, le Teatro dei Piccoli, qui fait découvrir au public montréalais les possibilités artistiques que peut offrir le théâtre de marionnettes. Albert Wolf, un Allemand qui avait monté des spectacles de marionnettes pendant la guerre lorsqu'il était prisonnier au camp de Farnham, contribuera également, après la guerre, à faire apprécier l'art de la marionnette. Lorsque Wolf décide de retourner en Europe, il lègue ses marionnettes à fils à une collaboratrice, Micheline Legendre; dans les années qui suivront, celle-ci jouera un rôle déterminant pour le développement du théâtre de marionnettes professionnel au Canada.